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UNE VIE ITINÉRANTE

Une vie entravée

Historiquement, l’itinérance est au cœur de la vie des Voyageurs qui portent bien leur nom. William Acker explique dans son livre "Où sont les aires d'accueil?" : “le Voyage est à la fois une pratique liée à un habitus, des impératifs économiques et sociaux, mais aussi un idéal comme héritage culturel qui se conçoit comme une forme de privilège. Être voyageur est une fierté, un héritage qui implique la préservation d’une forme de liberté”.

Pourtant cet idéal lié au voyage est mis à mal.

 

Aujourd’hui, sans statistiques précises, on considère qu’un tiers des membres des communautés tziganes sont sédentarisées, un tiers semi-sédentaires ou semi-voyageurs selon le point de vue que l’on adopte, et un tiers voyageurs toute l’année. Et encore ces grandes catégories ne tiennent pas compte des milliers de situations différentes… Car on est le plus souvent sédentarisé sur une aire d’accueil qui devrait être provisoire et voyageur par manque de place ici ou là.

 

C’est bien ce que décrit William Acker dans son livre (p.101). Il s’est intéressé à la figure du sédentarisé, présenté par certains comme la solution “pour s’en sortir” et qui fut à l’origine de bien des politiques publiques et des revendications associatives dans le passé. Or devenir sédentaire est souvent vécu comme une contrainte plus qu’un choix. Car voyager est coûteux, au sens littéral du terme mais aussi au sens psychologique et social. La crainte d’être chassé s’est inscrite dans la chair des Gens du voyage et se transmet de génération en génération. 

 

Le Voyage dérange. Il pose problème aux élus locaux qui refusent d’appliquer la loi Besson et de créer les aires d’accueil nécessaires et de les entretenir. Il pose problème aux forces de l’ordre qui n’y voit qu’un risque de troubles potentiels. Il pose problème à l’Éducation nationale. C’est pourquoi il est indispensable que des associations comme APATZI défendent ce droit à l’itinérance et réfléchissent avec les pouvoirs publics sur les mesures nécessaires pour qu’il puisse continuer d’exister.

Le rassemblement de Nevoy est le point de départ de la vie itinérante
La caravane n'est toujours pas reconnue comme lieu d'habitation

La famille, lieu de transmission

L’attachement à la famille au sens large est au cœur de l’identité des Gens du voyage. La preuve : les caravanes des enfants devenus jeunes adultes entourent celle de leurs parents sur les aires d’accueil. Les unions se font au sein de la communauté, à un très jeune âge. Il n’est ainsi pas rare de rencontrer des adolescentes mariées à 16 ans et des jeunes pères de 22 ans. Les unions ne sont pas forcément civiles ou religieuses. Selon la tradition, les premières relations sexuelles sont le marqueur du mariage. Le tout jeune couple se voit alors attribuer une caravane et démarre sa vie maritale, mais jamais bien loin du regard de ses parents ou de ses beaux-parents. L’entraide pour s’occuper des petits-enfants, pour financer l’achat de la caravane ou d’une voiture est primordiale. Elle l’est d’autant plus, sur le plan pécuniaire, qu’il reste très difficile pour un jeune d’obtenir un prêt bancaire… “On mène une vie simple, on n’a pas besoin de grand-chose, raconte ainsi cet artisan. Les enfants, les petits-enfants passent avant le confort.”

La famille est également le lieu de transmission du mode de vie. Les fils exercent bien souvent le même métier que leur père, auprès de qui ils se sont formés. Les filles sont destinées à s’occuper de leurs enfants et de leur foyer. Elles sont peu incitées à faire des études et franchissent plus rarement les portes du collège que les garçons. C’est d’ailleurs un des enjeux de la politique de la DIHAL que d’encourager la scolarisation des jeunes filles.

Les Tziganes vivent le plus possible dehors, y compris pour les repas
La caravane est un lieu privé, on se déchausse pour entrer
Les caravanes sont regroupés par familles
Les générations se côtoient en permanence et les enfants vivent près de leurs parents
La vaisselle se fait aussi dehors
Les Tziganes aiment recevoir les "Gadgés" à leur table
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