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Entretien avec Jean-Arnold de Clermont, président d’APATZI

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Vous avez été à l'origine de la création d'APATZI. Pourquoi ce combat pour les Gens du voyage, particulièrement les Voyageurs protestants évangéliques ?

L’Église Vie et Lumière, qui regroupe les Tziganes évangéliques, est membre de la Fédération protestante de France dont je fus président. Grâce aux nombreuses discussions et rencontres avec des pasteurs issus de cette communauté, j’ai peu à peu pris conscience des fortes discriminations dont ils étaient victimes et du besoin qu’il y avait de créer des ponts entre les Tziganes et les autres protestants et, plus généralement, avec l’ensemble de la société française. Il y a en effet une grande incompréhension entre les Gens du voyage qui veulent que perdure leur mode de vie semi-itinérant et les pouvoirs publics qui n’y voient, souvent, qu’une source de difficultés. Sur le terrain, dans les communes, la peur l’emporte, au point que les aires d’accueil sont objet de rejet de la population.

Comment expliquez-vous que les Tziganes soient si peu et si mal connus ? Pourquoi sont-ils, selon vous, victimes d'autant de préjugés et de relégation ?

Les préjugés ne datent pas d’hier et l’histoire des Gens du voyage est marquée par cette mise à l’écart du reste de la société. Je crois, fondamentalement, qu’il s’agit du rejet de la différence. Les Gens du voyage ont une culture et un mode de vie bien spécifiques, fondés sur la liberté d’aller et venir, le refus des contraintes, la place première accordée à la famille, la prédominance de l’oral sur l’écrit, de la parole donnée plus que du contrat. Autant de traits culturels souvent mal compris. Les Gens du voyage dérangent, ils sont, aux yeux des services administratifs, “trop compliqués à gérer”...

Le sentiment de rejet entraîne parmi les Gens du voyage une très grande méfiance envers l'extérieur, notamment envers ces mêmes services administratifs. Comment aider à rétablir des liens de confiance ?

Des organismes comme la Défenseure des droits s’y emploient, en faisant connaître leur situation et en les encourageant à dénoncer les atteintes aux droits. Sur le terrain, il faudrait davantage de médiateurs, comme il en existe dans certains départements ou régions. Ils aident à la communication entre les Voyageurs et les services. C’est indispensable. C’est aussi le but de notre association, créer des ponts, aider à l'intermédiation…

 

Quels sont vos principaux axes de travail ? De quels moyens disposez-vous ?

Nous sommes une toute petite association qui a bénéficié du soutien de la Fondation FLAM pour aider à notre développement. Nous travaillons sur deux axes principaux : tout d’abord, un état des lieux des aires d’accueil, en priorité celles de Grands passages, qui permettent la circulation des groupes de Tziganes évangéliques l’été. Elles sont en nombre insuffisant ou en mauvais état dans certaines régions, ce qui provoquent des incidents dans les communes, avec des installations illégales. Il faut que la loi soit respectée, nous voulons nous y employer.

L’autre sujet est celui de la lutte contre les préjugés, un sujet complexe sur lequel nous souhaitons travailler avec d’autres associations de Gens du voyage.

 

Comment des hommes et des femmes de bonne volonté, touchés par ces discriminations, peuvent-ils participer à l'action d'APATZI ?

Nous avons besoin de relais sur le terrain, des hommes et des femmes qui acceptent de servir d'intermédiaires pour éviter que les situations dégénèrent. Nous formerons ces membres qui auront à cœur d’aider à une intégration pacifique des Gens du voyage dans la communauté nationale. Ils découvriront une autre culture et pourront contribuer à faire tomber la méfiance, de part et d’autre.

Le pasteur Jean-Arnold de Clermont fut président de la Fédération protestante de France
Les Tziganes vivent en famille élargie, grands-parents, enfants et petits-enfants.
La transmission de la culture est très présente dans la vie tzigane
La vie itinérante a lieu de mai à septembre
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